Période Aznavour 1962-1964 





Extraits du livre de Annie et Bernard Reval : AZNAVOUR LE ROI DE CŒUR (Editions France-Empire ) d’après les données communiquées par Francois Guin qui les avait consignées dans son volumineux press-book tout au long de sa carrière…et anecdotes.

Raymond Fonsèque, un des musiciens pressentis, voit arriver les galas à l’étranger avec frayeur, car il ne veut absolument pas prendre l’avion! Il recommande Francois Guin, un jeune trombone remarqué dans l’orchestre de Jacques Hélian.
« Il joue de la flûte aussi, Charles, je vous assure, il fera bien l’affaire… »

Henri Byrs me contacte, se souvient Francois Guin. Je termine trente et un mois d’armée à Rueil-Malmaison comme beaucoup de mes collègues musiciens, mon régiment accompagne en musique
le Général De Gaulle dans ses déplacements.

J’avais eu la chance d’échapper à l’Algérie, je n’avais pas beaucoup « bougé », j’avais pris l’avion une fois pour aller faire un gala avec Henri Lecca, le pianiste qui jouait toujours debout. Je suis engagé le 14 décembre 1962, la veille du jour où je dois aller rapporter mon « paquetage » ! Jouer avec Aznavour, c’est pour moi une explosion de joie, c’est fabuleux ! Le 15, au cours d’une séance à Hoche, je le rencontre. Nous décidons de commencer les répétitions rapidement.

A partir du 20 décembre, nous nous retrouvons dans l’appartement de mes parents, à la Trinité (Place d’Estienne d’Orves), et nous travaillons pendant une quinzaine de jours.

Vers la fin, Charles nous rejoint pour se coller à son orchestre: Pierre Urban à la guitare, Henri Byrs au piano, Pierre Sim à la basse, André Gérard à la batterie. Pour ma part, j’assure les parties de trombone et de flûte.


Nous sommes cinq musiciens, « une petite formation », je n’ai pas envie de me croiser les bras en attendant mes parties. Quand j’estime que certaines chansons sont plus douces, je joue de la flûte. Dans Les deux guitares, je prends le tambourin. Pour d’autres morceaux, s’il y a un rythme de boléro, je joue des claves. Jamais un musicien ne « se tourne les pouces » en attendant que ça se passe ! »

Souvenir d’une répétition. Dans l’appartement familial, la maman de Francois vient prévenir « Monsieur Aznavour » qu’il y a un appel téléphonique pour lui.

Charles répond malicieusement :

« c’est moi, Madame! »

La nouvelle équipe musicale est en place, cinq musiciens dont trois provençaux (Pierre Sim, André Gérard et Henri Byrs). Aucun n’a plus de trente ans.

Du 8 au 14 janvier 1963, Aznavour « teste » son premier récital au Gymnase à Marseille. Un triomphe!


Le 13, l’orchestre joue pour la dernière fois avec les partitions. L’Olympia, c’est dans quarante-huit heures, les musiciens doivent connaître les chansons sur le bout des doigts et jouer « sans filet » !

Le 16 janvier, Charles chante enfin à Paris, chez Bruno Coquatrix, en tête d’affiche. Deux heures de vertige. 

  

A cette occasion Charles et Bruno se portent volontaires pour parrainer mon admission à la
SACEM.

Le soir de la première, Johnny Hallyday, Melina Mercouri, La Chunga, Charles Trenet, Georges Guétary…Ivre de bravos, Aznavour savoure l’instant.

Paul Mauriat et Jean Leccia, deux arrangeurs de Charles viennent me féliciter. Jusqu’au 27 février, sur la scène du boulevard des Capucines, il offre sa vie en musique, voulue à son image, sur un rythme d’enfer, remplie de joies, de blessures, d’amours, d’espoirs et de tonnerres d’applaudissements. Au bar des artistes, chaque jour, Marilyn, irremplaçable, sert Aznavour, musiciens et techniciens.

Souvent, une petite fille traîne dans les coulisses. C’est France Gall dont « le papa » a livré La Mamma. C’est à cette occasion que je promets à la petite de lui rapporter une poupée lors de notre tour au Sénégal. Heureux hasard des programmations, deux jours durant, Aznavour « alterne » avec quatre concerts de Duke Ellington. Une affiche doublement prestigieuse pour un début d’année. C’est ainsi que je fais la connaissance des musiciens du Duke : Paul Gonzalves, Cat Anderson…

En 1963, Charles investit ses gains dans « le défi américain » : en accord avec Félix G. Gerstman et Henri Goldgran, il loue le Carnegie Hall sans complexe. Jean-Louis Marquet lui suggère la prudence. C’est parti ! L’Ancienne Belgique à Bruxelles du 1er au 7 mars, Liège le 8, Genève le 9, Dakar les 11 et 12, Abidjan le 13…

« Dakar, Abidjan… que de souvenirs !, nous confie Francois Guin. Outre une poupée achetée pour la petite France à N’Gor, face à l’hôtel où nous sommes avec Charles, nous « subissons » des coups de soleil mémorables, insupportables, au Boxing d’Abidjan, en smoking ! »

Retour à Casablanca le 15 mars, Rabat le 16, une télévision à Barcelone le 18, Disco-Parade à L’Olympia le 19, Aznavour occulte les relâches et vit sa vie de baladin des temps modernes.

« On cavale ! se remémore Francois…Lors des premiers voyages en Boeing 707, je n’en perds pas une bouchée. Je survole le Sahara le nez collé au hublot ! Le 20 mars, sans la moindre pause, c’est Casablanca, et nous partons pour New-York le 24 ! Le 30, nous voilà enfin sur la scène du fameux Carnegie Hall. Fantastique ! Je conserve de cette soirée le programme imprimé avec le nom des musiciens. »

 

Newsweek titre « voilà sans comparaison aucune le show le plus convaincant de l’année. » San Fransisco Chronicle consacre cinq colonnes (« France Is Charmed by The Codwebby Voice »).

Depuis Paris Eddie Barclay afrète un sharter spécial, un Boeing baptisé « Aznavour 007 » avec cent cinquante personnes pour le soutenir.

« Mes invités ? raconte Eddie, des gens de radio et de télévision, du « show-business », des amis dont les parents de Francois. »

« Les invités ne sont pas dans la salle, mais sur scène, ils entourent le chanteur et les musiciens. Aznavour fait pratiquement la moitié de son tour en anglais, son accent est « catastrophique ».
Comme il ne parle pas vraiment la langue, il installe un pupitre sur le plateau et lit ses textes en toute simplicité. Après le spectacle, me voilà dans les salons du Sheraton, pour une fastueuse réception avec cinq cents personnalités. Je croise Liza Minnelli, Raymond Laporte, le consul général de France à New-York…du beau monde ! »

Après le Carnegie Hall, le 30 mars, Aznavour s’envole pour Montréal où il se produit du 1er au 8 avril au Théâtre de la Comédie Canadienne.


En accord avec les « quotas » du pays, cinq accompagnateurs canadiens sont engagés, mais finalement, ils font acte de présence et discutent en coulisses avec le quintette français, l’ambiance est conviviale. Pierre Sim (« le jazzman »), Pierre Urban (« l’intellectuel »), André Gérard et Henri Byrs (« les oiseaux »), Francois Guin « le trombone et cinéaste amateur », une sacrée équipe ! Avec son Nikon, Aznavour photographie, photographie sans cesse.

Retour à Paris le 10 avril. Et comme s’il ne pouvait tenir en place, l’artiste repart de plus belle : Istanbul, Beyrouth, Gdansk, Varsovie, Poznan, Cracovie…A Bucarest du 27 avril au 3 mai, Aznavour et ses musiciens sont éblouis par le défilé du 1er mai, vu du balcon de l’hôtel. Dans la rue, reconnaissant « un visage d’homme libre », un intellectuel aborde Francois Guin avec un sourire : « Monsieur, vous êtes Français ? » Le musicien l’entraînera dans un bar, ils discuteront beaucoup, beaucoup…et en français !

Zurich, Rotterdam, Amsterdam, La Haye, Aznavour est à plein régime ! Les villes s’enchaînent avec méthode et rigueur selon un itinéraire établi par Roland Ribet et Jean-Louis Marquet. Après La Haye, il est annoncé à Hambourg les 1er et 2 juin pour une télévision…

La fin d’une tournée annonçant invariablement le début d’une suivante, l’équipe a tout juste le temps de se ressourcer, il faut déjà repartir. Boulogne-sur-Mer le 15 juillet, on s’y enlise avec le car lors d’un pique-nique ; c’est un vieux tracteur agricole qui nous sortira de l’impasse ! Deauville, Saint-Malo…Entre deux galas, Charles papillonne, il s’offre quelques nuits blanches au Hi-Fi Club, une discothèque de la Côte normande. Et la course continue : Royan, on y prend le bac avec mon cabriolet 403 « Colombo »


Arcachon, Tunis, Canet Plage…Une courte pause, l’équipe repart à Viareggio, en Toscane, puis à Athènes les 30 et 31 juillet où un public très dense attend Aznavour« à guichets fermés »dans un immense théâtre de plein air en bord de mer. Une gigantesque « brasserie » à l’ambiance sympathique.

La première quinzaine d’août, c’est le décrochage après un planning ahurissant. A quelques minutes de Mougins, Saint-Tropez ! Une folie…Aznavour ne s’y déplace jamais seul. Entouré par une « cour » assez invraisemblable, il paraît se perdre un peu plus chaque nuit. Francois Guin descendant à Mougins l’Alfa 2000 d’Aïda la sœur de Charles,celui-ci l’invite à se joindre à eux trois jours durant. C’est alorsque le virus des belles « Alfa » me gagne


Ensemble, ils choisissent un superbe « chris-craft », Aznavour lui ayant cédé son hors-bord. C’est le temps des retrouvailles avec Gilbert Bécaud

Pour l’instant, le 17 août 1963, Aznavour est à l’affiche à Juan-les-Pins. Nice, Cannes, Taormina (au pied de l’Etna), etc…les triomphes succèdent aux triomphes. Du 9 au 16 septembre une série de concerts est programmée en Israël (Haïfa, Tel-Aviv).


Retour à la scène, cinquante concerts en France du 14 octobre au 6 décembre. Jour après jour, les villes se succèdent, le public se bouscule toujours plus nombreux. Dieppe, Beauvais, Evreux, Rouen, Caen… Le 22 novembre, à Niort, l’annonce de l’assassinat de John Kennedy à Dallas bouscule le rythme répétitif de la vie de tournée. Le lendemain pendant le trajet Niort - La Rochelle, chacun suit les évènements heure par heure, mais l’itinéraire programmé est inexorable et ne permet aucun relâchement.

En costume cravate, William, chauffeur personnel et fidèle « valet de chambre », veille sur le confort de son maître. René Ranson conduit le car transportant les musiciens et les techniciens, Dany Brunet, adversaire aux échecs, s’affaire à la régie, Trest gère l’inévitable serpent administratif. « L’état-major » est parfait. Les « « hommes » d’Aznavoursont pratiquement inconnus du grand public (parfois un nom ou un visage apparaît au fil d’un programme). Ils restent volontairement en retrait : Jean-Louis Marquet (manager), Tony Reynaud (administrateur), Eddie Kazo (secrétaire), Richard Balducci (attaché de presse).


La couse folle d’Aznavour-à-travers-chant s’accélère…Rennes, Alençon, Chartres. Parfois Charles propose de ramenerHenri Byrs et Francois Guin dans la Cadillac conduite par l’infatigable « Willy ». Les bravos envolés, on rejoint la prochaine ville,le prochain public, le prochain hôtel ! Au bout de la nuit, Saint-Quentin, Anvers, Charleroi, Mouscron, Verviers, Namur nous y laissons le toit vitré du bus sous un pont trop bas après une descente verglacée…et Dany Brunet qui nous suit avec la Lancia de Jean-Louis Marquet s’encastre dans le bus !ouille !et en point d’orgue, Saint-Moritz le 28 décembre.

Le 4 janvier 1964, un Musicorama à la salle Pleyelouvre le ban avant une nouvelle tournée française, trente deux concerts : cette fois le « sudistes » sont favorisés. Coup d’envoi à Saint-Etienne le 20 janvier, puis Romans, Orange, Toulon, Nice…et Lyon en point de chute les 21, 22 et 23 février.

Pendant ce temps aux Etats-Unis, dans la foulée du triomphal Carnegie Hall, le nouveau « conquistador » bénéficie d’une couverture-presse jamais vue pour un chanteur français depuis Chevalier et Piaf : avec une dizaine de « papiers » élogieux chaque mois, le lecteur américain ne peut ignorer les futurs concerts prévus à Boston, New-York, Santa Monica… « Aznavour est un poète », déclare Jean-Louis Marquet en préléminaire au spectacle de San Francisco « c’est un vrai troubadour qui aime Francois Villon ». Pendant plusieurs années, John L. Wasserman, journaliste au San Francisco Chronicle, donnera la vedette à notre héros.

« Au pays », Jean-Louis Marquet peaufine les derniers détails. A l’horizon, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. C’est la première fois ! Départ prévu le 26 février. A Moscou, les musiciens sont dépaysés. Le froid, les gens, tout est différent. Cela fait un an que j’étudie le russe ! et ça va bien me servir pendant ce long séjour en URSS.
Charles et son équipe se rendent directement à leur hôtel avec Michel, un jeune guide soviétique. Le soir, dîner dans un restaurant arménien. Le lendemain, le 27 est un grand jour, c’est le premier récital en URSS à Moscou au Théâtre d’Estrade. Barclayet ses amis ont fait le déplacement. Après le concert Eddie invite toute l’équipe dans sa chambre d’hôtel. Un pain de foie gras, trois bouteilles de Champagne, puis, fenêtre ouverte, un cigare à chaque invité : Charles, Dany Brunet, Jean-Louis Marquet, les musiciens…
On ne traîne pas, il faut se lever tôt le matin pour rejoindre Minsk où deux récitals sont prévus les 28 et 29 février.
Le 1er mars, départ pour Kiev, une ville splendide, mais il fait trop froid malheureusement…Aznavour y chante quatre fois du 2 au 5 mars. Le 6, relâche, on s’envole pour Erevan, la capitale de l’Arménie, le pays de ses ancêtres. Une escale très attendue. Charles retrouve sa grand-mère et une partie de sa famille. Accueilli par plusieurs milliers d’admirateurs à son arrivée à l’aéroport, sous une tempête de neige, il ne cache pas sa surprise. Pour son premier récital au pays de ses ancêtres, il n’avait pas espéré un tel engouement !

« A Erevan, raconte Francois Guin, la France est présente par tous les gens qui ont cru revenir au « paradis arménien ». La coutume veut qu’on double une chanson qui plaît. La mamma, trois ou quatre fois, c’est extraordinaire et puis quel accueil dans les familles !Je me lie d’amitié avec Massis Gureghian, un ami de Claude Luter ; Pierre Sim(onian)retrouve des cousins.

Des membres du KGB nous attendent dans leur voiture noire, à notre sortie. Ce n’est pas du « bluff », mais bien réel ! »

Les concerts des 8, 9 et 10 mars 1964 marqueront les mémoires. Aznavour reviendra chanter plusieurs fois en Arménie, mais ces trois représentations, les premières, sont les plus émouvantes.


Le 11, toute l’équipe voyage via Leningrad. Un regret pour les musiciens et Charles, ne pas avoir connu Leningrad au printemps. Début mars, le froid est insupportable (entre – 15° et -25° !). Cinq récitals du 12 au 16 mars, tous les spectateurs ne peuvent pas entrer dans l’immense salle de concert. Le 17 on retourne à Moscou pour cinq récitals à la Salle Tchaïkovski du 18 au 22.
Nous y rencontrons, suivis par le KGB à l’aller comme au retour, le consul de France qui accepte de faire remonter les dossiers de retour en France des Gureghian et Simonian. Six mois plus tard, ils seront à Paris !

L’Union Soviétique, les Etats Unis, Aznavour possède-t-il le don d’ubiquité ? Le 3 avril 1964, il s’envole pour New-York où il se produit le lendemain au Carnegie Hall. Les musiciens ne flânent pas. Le 6, la belle équipe s’embarque pour Montréal, avant de rejoindre Ottawa pour un récital au Club Théâtre le 7 avril, juste avant Québec et le Palais Montcalm.

A Montréal, Aznavour retrouve Pierre Roche dans un cabaret situé au centre ville : chez Clairette, le point de ralliement des artistes. Clairette est une marseillaise qui a tourné dans le temps, notamment avec Fernandel. Elle n’a pas d’ « école de chanson », mais des cabarets où elle fait débuter beaucoup de jeunes.Aznavour et Brel sont réunis chez elle. Une belle tablée. On parle « chanson », c’est incroyable, on ne s’arrête pas !
Entre deux coupes de Champagne, Clairette lance :

« Jacques, vous nous chanterez bien quelque chose… ?

« Oui, pourquoi pas ! »

Et Brel s’exécute le temps d’un couplet, d’un refrain. Clairette se tourne alors vers Aznavour :

« Charles, à toi…Veux-tu nous chanter un de tes succès ? »

« Non, moi j’y vais quand je suis payé, sinon je n’y vais pas ! » plaisante Aznavour.

12 avril : La tournée reprend, on enchaîne un concert Place des Arts, un lieu magique ! Le 13, départ de Montréal pour New-York puis Los Angeles ! Le prochain spectacle est prévu le 17. Cette fois, les musiciens peuvent traîner, ils louent une voiture et sillonnent la Californie. Les « inséparables »se retrouvent au Civic Auditorium de Santa Monica, puis à San Francisco où chacun rafle quelques minutes pour la découverte : déjeuner au quartier chinois, visite du Golden GateBridge…

Devant l’hôtel Steve Mac Queen admire sa Ferrari flambant neuve ; nous faisons sa connaissance
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Le soir, le public du Mose Auditorium accueille Aznavour par une « standing ovation ». Vingt quatre heures plus tard, Boston lui réserve un triomphe similaire. A la fin du concert, à 23h on s’envole pour New-York, escale avant San Juan, à Porto-Rico. Après une visite sommaire de la ville, un récital en soirée et quelques heures de repos ( !), les voilà sur pied à 6h du matin pour l’avion de 8h : Antigua puis La Martinique où trois récitals sont prévus du 21 au 25 à l’Olympia de Fort-de-France !

Embarquement sur le transatlantique Antilles jusqu’à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour quatre concerts du 27 au 30 avril, avant Lisbonne, Casablanca et enfin Paris, le pays ! Pas de vacances au programme, mais un concert le 5 juillet, en Sologne, pour Paris-Match et l’enregistrement des nouvelles chansons…

« Et c’est fini !nous raconte Francois Guin…Bien fini pour toute la formation, excepté Henri Byrs qui reste auprès de Charles. Nous voulions une petite augmentation, ça s’est soldé par le « virage » de l’équipe ! Finalement…il était temps ! Après de si bons moments passés avec Charles, le jazz et le studio s’ouvraient à moi pour un autre volet de ma passionnante carrière.

Personnellement, je retrouverai Aznavour pour deux ou trois concerts à Lisbonne et quatre à Luanda, en Angola, quelques années plus tard. Benny Vasseur devait faire cette série de spectacles, finalement, il s’est décommandé. Je ne vous donnerai pas de détails, mais je crois qu’il avait raison de ne pas assurer ces galas. Musicalement,ça a été une galère !

Par la suite, nous nous rencontrerons à nouveau, entre autres lors d’une télévision chez Michel Drucker. Chaque fois, nous échangerons quelques plaisanteries en évoquant « le bon vieux temps ». J’ai des souvenirs dans ma vie professionnelle qui sont inoubliables. A chaque fois que je l’ai accompagné, Charles ne m’a jamais présenté sans jeter un coup d’œil à mes « vernis » ; je m’appliquais à les entretenir. Plus tard, il m’avouera : « je n’ai jamais pu comprendre comment vos souliers vernis pouvaient être aussi parfaits » Esquissant une démarche, il me dira : « Vous deviez marcher sur les talons seulement ! » Nous en plaisanterons souvent… »